Monsieur Zallé intéressé par la gestion des déchets plastiques
Les sachets plastiques constituent de nos jours une grande préoccupation pour les autorités. Jetés partout, dans toutes les rues et ruelles du Burkina, les sachets constituent un véritable déchet dont la gestion semble donner du fil à retordre aux autorités et à bien de personnes. Pourtant, la gestion de cette ordure plastique intéresse beaucoup un compatriotique qui arrive à en faire une source de revenus. Lisez plutôt.
1 Présentez-vous ainsi que votre structure.
Je suis ZALLÉ Latif, Secrétaire général du Collectif des Acteurs du Sachet plastique des Hauts-Bassins.
Notre collectif rassemble des acteurs clés de la filière plastique de la région, incluant des producteurs, des importateurs et vendeurs. Notre mission est de trouver des solutions viables pour limiter la pollution plastique tout en préservant notre secteur d’activité. Nous sommes très engagés dans la protection de notre environnement et la recherche de mesures durables pour le recyclage des sachets plastiques.
2. La question des sachets plastiques est un problème d’actualité, au point que le gouvernement envisage de les interdire. Quelle est votre analyse de la situation ?
Il est vrai que la pollution plastique est un problème sérieux, mais nous pensons qu’une interdiction n’est pas la seule solution. Depuis 2014, nous avons trouvé avec le gouvernement d’autres approches, telles que la mise en place de sites de recyclage équipés de machines de traitement. Ces sites auraient pu être pleinement opérationnels pour gérer le plastique de manière efficace, mais pour des raisons inconnues, les machines restent inutilisées. Nous pensons que relancer ces infrastructures et laisser leur gestion entre les mains des acteurs du sachet plastique eux-mêmes, serait une solution plus efficace et durable, plutôt qu’une interdiction totale qui pourrait aussi impacter négativement l’économie locale.
Je profite d’ailleurs de vos lignes pour informer que le sachet plastique est aussi utilisé dans certains pays dans le bitumage. J’ai des amis en Inde et au Canada qui sont prêts à expérimenter cela dans notre pays s’ils venaient à avoir une opportunité de le faire. C’est donc vous dire qu’interdire le plastique serait une grosse perte économique pour notre pays.
3. Quelles difficultés rencontrez-vous dans le domaine ?
Notre plus grand obstacle est l’inactivité des infrastructures de recyclage déjà en place. Nous avons demandé plusieurs fois aux autorités de nous donner la possibilité de les exploiter pour initier des activités de recyclage et de gestion des déchets plastiques, mais nous n’avons pas reçu l’autorisation nécessaire. De plus, il nous manque un soutien financier et technique pour déployer des actions de collecte à grande échelle. Si nous avions la gestion de ces sites, nous pourrions lancer une gestion structurée des déchets plastiques. Disons que la protection environnementale ne doit pas être la préoccupation des dirigeants, mais de toute la population et particulièrement des acteurs du plastique. C’est d’ailleurs ce qui a nécessité la mise en place de notre Collectif qui œuvre beaucoup pour la sensibilisation afin de diminuer la pollution plastique.
4. Que demandez-vous au gouvernement ?
Nous tenons tout d’abord à exprimer notre profonde gratitude au gouvernement actuel, pour le travail remarquable qu’il accomplit au service de notre pays. Nous comptons sur son dévouement et son engagement pour soutenir les acteurs de notre secteur et collaborer à une solution qui bénéficiera tant à la nation entière qu’à notre filière. Dans cette perspective, nous demandons au gouvernement de bien vouloir nous accorder un délai raisonnable pour mettre en œuvre notre plan et prouver l’efficacité de nos propres solutions. Nous sollicitons également une autorisation officielle pour gérer les sites de traitement des plastiques déjà installés, ce qui nous permettrait de collecter et de recycler les déchets plastiques dans des conditions optimales, avec un accompagnement des autorités. Enfin, nous proposons la mise en place d’un système de taxation et de suivi des acteurs de la filière, afin d’assurer une gestion plus rigoureuse et efficace de la pollution plastique.
5°) Quelles sont vos solutions pour diminuer, voire éradiquer, les problèmes liés aux sachets plastiques ?
Nous avons élaboré une stratégie en plusieurs volets. D’abord, nous proposons une collecte autonome, financée par nos propres moyens, pour rassembler un volume initial de 1000 tonnes de déchets plastiques dans la ville et ses alentours. Ensuite, nous sommes favorables à augmenter l’épaisseur des sachets plastiques à 50 microns, ce qui les rendrait plus faciles à ramasser et moins sujets à se disperser dans l’environnement. Si nos propositions sont appliquées, nous sommes persuadés de pouvoir considérablement réduire, voire éliminer, la pollution plastique dans notre région. Et partant dans tout le Burkina Faso.
Emmanuel Sombié